La représentation d'Apollon, surpris dans son palais alors qu'il s'apprête à conduire le « char du soleil » doré, est un motif iconographique très fréquent dans la décoration des demeures nobles entre le XVIe et le XVIIIe siècle. La source littéraire est constituée par les Métamorphoses d'Ovide et l'allusion à l'identification du dieu brillant avec le commanditaire des travaux ainsi que le Palazzo del Sole avec la résidence patricienne bien adaptée aux besoins de décorum et d'autocélébration si chers à la classe dirigeante de le siècle d'or. Le thème est abordé par Piola dans une transposition assez littérale du texte d'Ovide. Dans le palais d'Apollon, outre Chronos, les Mois, Jours, Heures résolus dans le tableau vivent comme des figures transparentes, en contraste avec la redondance baroque de la composition. Le protagoniste du rythme du Temps sont cependant les Saisons, qui se rassemblent autour d'Apollon, rendues avec un bonheur compositionnel et chromatique qui alterne des tons sombres pour les saisons plus froides à des tons clairs pour ceux de la prospérité de l'année. Le printemps ouvre la voie au char couronné de fleurs, pris en flagrant délit d'éparpillement des pétales, également identifiable à Aurore qui, selon la tradition, précède le char du soleil. Rayonnée d'une lumière intense, la figure de cette jeune femme forme le trait d'union avec la partie inférieure du tableau, où l'Automne et l'Hiver trouvent leur place. L'exposition se clôt sur Summer, une jeune femme tenant à la main les fruits de sa saison, flanquée d'un putto au bouquet d'épis. Véritable incipit du cycle de fresques du Palazzo Rosso par Piola lui-même et Gregorio De Ferrari, dont il anticipe les thèmes, ce tableau n'a cependant pas été exécuté pour être placé à son emplacement actuel et a été réalisé bien plus tôt, dans les années quarante, quand la collaboration avec son beau-frère Stefano Camogli a été assidue, à qui ont été confiées les parties florales, qui lui sont également entièrement attribuables dans ce tableau. Acheté par Ridolfo Brignole - Vente en 1679 pour le placer dans la salle, il fut à cette occasion agrandi par Piola lui-même.