L'exposition, divisée en trois sections - Portraits collages, Archétypes et Urbain - se déroule à l'intérieur de la Villa dei Papiri - qui tire son nom de la découverte de plus d'un millier de rouleaux de papyrus carbonisés dans l'une des villas otium de l'aristocratie romaine située dans le zone suburbaine d'Ercolano. Composée de trois salles adjacentes, dans un dialogue rythmé entre la ville - à l'extérieur - et le musée - à l'intérieur - à travers la juxtaposition d'œuvres et d'images qui représentent une mémoire collective et archétypale, elle surgit de manière inattendue dans une réflexion sur la relation entre la mythologie classique et une mythologie contemporaine. Le rôle catalyseur de la découverte archéologique, de la stratification dans l'histoire, dans le processus artistique et dans le pouvoir expressif du geste est évident, en relation avec le contenant du musée, gardien et conservateur de la mémoire collective.

Si l'on revient à l'œuvre La Ville nue, collage réalisé par Guy Debord et Asger Jorn en 1957, où un plan de la ville de Paris est reconstitué en fragments reliés par des flèches rouges, on pourra peut-être saisir une assonance entre le reflet surréaliste de la ville et le concept de dérive qui parcourt encore aujourd'hui les ruelles de Naples, dans sa mélancolie, dans sa dualité, dans le passage rapide de l'obscurité des ruelles étroites au zénith des grandes places sans ombres , sans arbres. La réflexion partant du dialogue entre les œuvres de la série Portrait collage - sept collages de portraits, peints sur toile, de personnages emblématiques non seulement de la scène napolitaine - et celles de la collection permanente du musée, l'utilisation d'images à fonction protectrice , fait référence à L'essence grecque est encore aujourd'hui inhérente à ce peuple.

Dans la série Archetypes, composée de grands collages sur toile, des morceaux d'affiches arrachés des murs de la ville de Naples ont été recomposés, complétés par des interventions picturales et des pochoirs représentant des statues, fresques et mosaïques emblématiques présentes dans la collection permanente de Mann. Urban est une série de collages numériques qui dépeignent avec l'ironie amère inhérente à la nature napolitaine, la beauté et l'abandon, les contradictions qui rendent cette ville unique, encore si ancienne aujourd'hui, peut-être le dernier bastion survivant parmi les civilisations anciennes, on peut la retracer ici , parmi ces ruelles, où au lieu d'autels ou de stèles dédiés à des divinités ou à des empereurs, on trouve des signes d'une autre mythologie, avec des divinités populaires et surtout humaines, qui semblent veiller sur le sort de la ville et de ses habitants.