Après une longue période de fermeture forcée et de reprise à la fin du printemps, le MAO Museo d'Arte Orientale de Turin entame la programmation d'automne avec un regard vers l'avenir, et le fait à travers une exposition originale intitulée « La Chine devient urbaine. La nouvelle ère de la ville », organisée par l'École polytechnique de Turin et par Prospekt Photographers avec l'Université Tsinghua de Pékin, et organisée en collaboration avec Intesa Sanpaolo.

L'exposition est le résultat de nombreuses années de recherche et offre au public une perspective nouvelle et large qui trace une ligne de continuité entre passé, présent et futur, mettant en relation la culture de la Chine traditionnelle avec les transformations impressionnantes des villes chinoises contemporaines. Une occasion d'enquêter et de s'interroger sur les enjeux posés par les mutations urbaines qui s'opèrent non seulement en Chine, mais sur l'ensemble de la planète. Partant de l'exploration de quelques villes nouvelles chinoises et des contradictions suscitées par les processus frénétiques d'urbanisation et d'expansion urbaine, l'exposition vise à stimuler une réflexion sur la ville d'aujourd'hui et de demain.

Plus de 16 millions de personnes en Chine se déplacent chaque année des zones rurales vers les zones urbaines, donnant lieu à ce qui est considéré comme la plus grande migration de masse que le monde ait jamais connue. Il ne s'agit pas d'un processus « exceptionnel », mais d'une tendance mondiale : comme le note ONU-Habitat, en 2007 la population urbaine de la planète a dépassé la population rurale.

Cependant, le phénomène d'urbanisation planétaire n'implique pas seulement l'augmentation de la population des villes ou le développement des agglomérations, mais aussi l'augmentation des relations sociales, économiques, politiques et fonctionnelles de plus en plus intenses entre les différentes régions du monde. Ce modèle de développement, qui s'est imposé au fil des siècles, présente des limites et des contradictions, tant d'un point de vue environnemental que socio-économique, particulièrement évidentes dans la phase actuelle d'incertitude due à l'urgence sanitaire et aux conséquences en termes de aggravation des inégalités.

"La Chine devient urbaine. La nouvelle ère des villes » entend interroger les processus urbains, architecturaux et socio-économiques de la Chine contemporaine, considérée comme un miroir dans lequel se reflètent les possibilités et les limites de la ville contemporaine, en Chine comme ailleurs. Mêlant recherche et imaginaire, l'exposition est une exploration de quatre villes nouvelles - Tongzhou, Zhengdong, Zhaoqing et Lanzhou - à travers lesquelles enquêter sur la nouvelle urbanisation chinoise et amener le visiteur à s'interroger sur (notre) avenir urbain commun. Au centre de l'exposition, trois grands thèmes définissent les caractéristiques de l'urbanisation chinoise : le fragment, comme spécificité de la ville contemporaine et de son architecture ; les infrastructures, élément clé du fonctionnement urbain ; et le dépassement de la dichotomie ville/campagne au profit de nouvelles formes d'urbanisation élargies pour dépasser les entités définies comme stables.

Le parcours de l'exposition se déroule selon deux séquences logiques : la première commence par la reconstruction d'un hall d'exposition , lieu emblématique typique des villes nouvelles chinoises , où administrations publiques et entreprises de construction mettent en scène la ville pour promouvoir son style de vie et les succès obtenus, et vient à l'urbanisation mondiale. La deuxième séquence part d'espaces vides et atoniques pour atteindre des personnes, des individus pris dans leurs activités quotidiennes ou dans des portraits "situés" à l'intérieur des nouvelles implantations. Les deux séquences s'entremêlent en permanence, démontant peu à peu le concept rassurant d'« exceptionnalisme » chinois : ce qui apparaît exotique et lointain de loin et d'un coup d'œil superficiel, s'avère bien plus familier qu'on ne le pense. Les nouvelles urbanisations chinoises n'apparaissent plus comme « autres que nous » : dans les villes nouvelles de la Chine contemporaine, la vie quotidienne est faite des mêmes petits gestes qui font la vie à toutes les latitudes et les personnes qui les accomplissent ne sont pas différentes des nous dans les comportements, les pratiques, les envies.